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L'archive du mois de février 2012

Il y a exactement 30 ans, dans sa séance du 2 février 1982, le conseil régional votait l’acquisition d’un terrain d’une superficie de 12 968 m2 compris dans le périmètre de la Zone d’Aménagement concerté de Beaulieu pour y construire un immeuble régional. Il y a 25 ans, était inauguré l’hôtel de Région en présence d’Olivier Guichard et de Jacques Chaban-Delmas, alors président de l’Assemblée Nationale. Le versement récent d’un ensemble de photographies prises au cours du chantier est l’occasion de rappeler quelques principes constructifs mis en œuvre lors de son élaboration.

Françoise Lelièvre, chercheur au Service Patrimoine de la Région, nous fait l’amitié de présenter l’architecture de l’Hôtel de Région à partir de documents conservés dans nos fonds... 
 

Trente équipes font parvenir un dossier de candidature, dix concourent, l’agence 3 A (Durand-Ménard-Thibaud), dont on voit l’un des architectes, Gérard Thibaud, posant en 1985 au sommet de la coupole en compagnie des directeurs de la SOGEA et de l’équipe régionale proche du dossier, est retenue. A l’actif de l’agence en 1983 un certain nombre d’établissements bancaires dont le siège de la Banque populaire de Toulouse, le siège social de la banque Ouest-Africaine du Togo et la conception de la mairie de La Baule. 

Il s’agissait pour les architectes d’afficher avant tout la fonction publique du bâtiment, en s’appliquant à traduire architecturalement l’image de ce que devait être un véritable « parlement » de Région. La maquette ayant servi à défendre ce propos présentée ici par Yves Ménard à Olivier Guichard se trouve actuellement dans les réserves du pôle archives, à l’instar de celle d’un des deux autres finalistes. Une quinzaine d’autres maquettes liées à des projets différents y sont également conservées. 

Les architectes ont recours à des formes architecturales fréquemment associées dans l’histoire aux bâtiments publics (esplanades, portiques, péristyles, coupoles) utilisant les références classiques servant à caractériser l’architecture publique. L’ordre colossal, des espaces très hiérarchisés, l’ascension vers la salle d’assemblée couverte d’une coupole monumentale imposent le rythme. Le dessin de l’ensemble très régulier s’inscrit dans une grille orthogonale constituée de carrés de 7,50m de côté, grille appliquée sans discontinuité aux jardins. Le quadrillage du plan et la photo aérienne du chantier donnent à voir la trame de l’implantation.

Le plafond à caissons du grand hall, une autre référence à l’architecture classique, est soumis à la même grille de carrés réguliers assemblés. Les solives en bois lamellé-collé forment neuf compartiments, chacun est occupé au centre par un caisson de verre suspendu isolé du cadre par une bande de lumière naturelle. Une épaisse peinture grise masque aujourd’hui la structure bois.

Si les structures apparentes en béton armé signifient immédiatement la modernité des années 1980, l’usage du bois peut surprendre. C’est ce même matériau que retiennent les architectes pour l’immense coupole portée par douze corbeaux en béton armé au-dessus de la salle d’assemblée. Reprenant l’idée du cintre en bois utilisé par les bâtisseurs de cathédrale pour modeler les voûtes, ils projettent à l’intérieur d’un carré de la taille du grand hall, une coupole dodécagonale formée d’une double charpente en bois lamellé-collé. Des feuilles de zinc enveloppent le dôme sur lesquelles vont être fixés des panneaux de verre, des miroirs destinés à diffuser la lumière.
 

Autre temps, autre mode : la charpente de la coupole de l’église Notre-Dame-de-Bon-Port (milieu 19e siècle), la référence nantaise du projet, est une charpente métallique.

Comme un pied de nez à la grille génératrice de l’ensemble, l’artiste Morellet indique, dès l’entrée, la règle du jeu qui a présidé à son élaboration : deux portiques constitués d’une trame métallique qui reprend les proportions de la trame architecturale s’imbriquent l’un dans l’autre (ici au moment du grutage). Le visiteur est censé pousser la grille et entre dans la trame.

A la livraison du bâtiment, l’intrusion d’éléments traditionnels a provoqué diverses réactions chez les défenseurs de la modernité. Qualifié de post-moderne, de « lourding à colonnades » voire de stalinien (Ouest-France 16/12/1986), l’hôtel de Région a emprunté aux codes d’un langage identifiable par le plus grand nombre, une manière pour les architectes de s’affranchir du contexte réglementaire de la zone qui stipulait alors : « les pastiches d’architectures étrangères à la Région ne sont pas autorisés ».

Le 12 décembre 1986, les premiers camions de déménagement faisaient la navette depuis la tour Bretagne après avoir vidé les bureaux des quelques 180 agents régionaux ; le 10 janvier 1987 l’hôtel était inauguré.

Références des documents présentés :
38W 1 Reportage photos du chantier de construction de l’Immeuble Régional (1984-1986) (Archives Direction du Patrimoine immobilier).
35W141 Extraits de la revue de presse sur la construction et l’inauguration de l’immeuble régional (1986) (Archives Service Immeuble régional).