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L'archive du mois de juillet 2011

Juillet sonne le départ en vacances de beaucoup d’entre nous, parfois pour de longs trajets qui nous font emprunter et surcharger les grands axes routiers… Parmi ces derniers, les autoroutes sont l’un des seuls grands axes à avoir systématiquement un nom en plus de leur numéro. Mais saviez-vous que cette pratique a débuté en France en 1973 en consultant le public par un jeu-concours ?

A l’origine de cette opération, un souhait du ministère de donner des noms plus évocateurs à ces grands axes, davantage que les numéros qui les désignaient jusqu’alors :

"Parce que bientôt on ne va plus s’y reconnaître, explique M. Olivier Guichard, le Ministre des Autoroutes. Tant qu’il n’y avait que deux ou trois autoroutes, on pouvait encore se rappeler de leur dénomination A1, A6, A13. Mais très vite cela va devenir impossible. […]" (extrait d'une interview donnée à Nice-Matin).

« L’ambition affichée est aussi d’ « humaniser les autoroutes ». C’est d’ailleurs la première fois que les usagers contribuent à nommer un ouvrage public, selon les éléments de presse préparés par le ministère.

Le jeu-concours lancé en septembre 1973 par les radios et la presse régionale, proposera dix noms pour chacune des 8 autoroutes choisies ;  les lecteurs et auditeurs sont invités à n’en retenir que 6, et à les classer par ordre de préférence, en en ajoutant éventuellement un de leur cru… Les gagnants sont ceux dont les réponses se rapprocheront le plus de la liste-type. Les lots remis à ces heureux gagnants étaient relativement alléchants : une carte d’exemption de péage sur tout ou partie du réseau.
Parmi ces autoroutes, figurait notamment une autoroute traversant les Pays de la Loire : l'A11 reliant Nantes à Paris.
 

Mais comment définir un nom d’autoroute destiné à être adopté par la population locale et les automobilistes de passage ? Pour proposer une liste de noms pertinents, le ministère de l'Equipement fait appel à un cabinet spécialisé dans le nom des marques ; le dossier d'organisation du concours nous éclaire sur les critères de sélection parmi la centaine de propositions remises par ce dernier : sont ainsi exclus les noms « difficilement prononçables par les étrangers, ou pas assez caractéristiques, ou capables de susciter des rivalités locales » ; est aussi écartée l’idée de donner un seul type de nom pour les autoroutes (« un nom de fleur ou d’oiseau par exemple »)...

Autres pièces intéressantes du dossier : les listes préparatoires, plus complète que les propositions de 10 noms faites au public. Nous y découvrons par exemple quelques-uns de ceux qui étaient envisagés pour l’autoroute de Nantes à Paris : auriez-vous aimé « L’Indomptable »,  « la Reinette » ou encore « La Chouane » ?
L’ « autoroute des Ajoncs » aurait-elle été plébiscitée par les participants au jeu ?

Les 10 noms finalement sélectionnés pour l’A11 sont proposés au public dans la presse début octobre :

Finalement, pour les 8 autoroutes à baptiser, la simplicité et la commodité l’ont emporté sur les noms à connotation folklorique ou davantage poétique (la Cigaline et la Noréale ne sont par exemple pas choisis…)
L’A11 devient l’Océane, nom préféré par 29,26 % des suffrages des participants, devant l’Autoroute de l’Atlantique et l’Autoroute de l’Océan ; il semble donc que l’approche maritime ait été la mieux reçue par le public…

Référence des documents présentés :
Archives Olivier Guichard, Activité de Ministre de l’Aménagement du territoire, Concours « Baptisez vos autoroutes », 1973 (23W 29) ; photographie de l’autoroute A11 (s.d.) (archives photothèque Direction communication, 14W11).